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Les retombées économiques à Sorel-Tracy entre Écomonde et les Jeux du Québec – Jocelyn Daneau

21 novembre 2023 | Par internautes

Pour faire passer un projet financé par nos taxes et impôts, il n’y a rien de mieux que d’en beurrer épais avec des promesses de retombée économique. C’est d’autant plus facile que l’estimation et la vérification de celles-ci relèvent souvent de techniques qualifiées quelquefois d’ésotériques, que seuls quelques initiés maîtrisent. Des exemples ?

Commençons par LE classique : Écomonde devenu Statera ou le carrosse devenu citrouille. En 2014, on parlait de 52,5 M$ de retombées économiques par année. L’ancien maire Péloquin a même avancé en 2016, l’hallucinant chiffre de 240 000 visiteurs annuellement. Le mythe du Sauveur qui devait replacer Sorel-Tracy au firmament des villes du Québec était tellement puissant, que toute notre classe politico-socio-économique en a perdu tout sens de la mesure et du jugement dans la durée.

Un exemple de projet qui tarde à rencontrer ses promesses : Parc éolien Pierre-De Saurel (PEPS). Outre la phase Construction des 12 éoliennes, on a de la difficulté à voir de façon tangible et dans le concret, en quoi ce projet a bénéficié aux citoyens. Rappelons que PEPS a été mis en service en décembre 2016 avec la promesse de redevances communautaires de plus de 50 M$ sur 20 ans c.-à-d. de 2,5 M$ annuellement. À ce jour, sur la période 2017-2022, on peut estimer la redevance moyenne à 1,9 M$.

Autre exemple : l’édition 2022 des Régates du GIB Fest (celle de 2023 a été annulée, emportée par le vent du Saint-Laurent comme l’argent des contribuables). En 2022, le GIB Fest nous promettait 2 M$ de retombées économiques avec 6 000 personnes payantes. Or, selon son directeur général, le résultat a été de 3 500.

Dans ce contexte et compte tenu de la nature de l’événement où peu d’achats locaux ont été effectués, une estimation raisonnable des retombées économiques donne 192 000 $. Le tout calculé à l’aide de la méthodologie de la firme KPMG pour le Regroupement des événements majeurs internationaux (RÉMI) dont les Régates de Valleyfield est membre. Le résultat 2022 obtenu par la GIB Fest n’est pas surprenant puisque tous les équipements et services majeurs (Grues, estrades, clôtures, sécurité, etc.) provenaient de l’extérieur de la région et la majeure partie des participants sont arrivés avec leur VR et nourriture.

Dernier exemple : la finale des Jeux du Québec que Sorel-Tracy veut obtenir pour 2027. Ainsi, selon le conseil municipal : « … la dernière étude pour les jeux de Sherbrooke en 2024, les retombées économiques sont estimées à 20 M$ » (Source : SorelTracy Magazine, 8 novembre 2023). À sa face même, ce montant suscite immédiatement des questionnements.

Une demande d’accès à l’information auprès de la ville de Sorel-Tracy nous indique que celle-ci ne possède pas l’étude en question. Cependant, dans un document transmis par la même occasion et provenant de l’organisme responsable des Jeux du Québec, il est écrit : « IMPACT ÉCONOMIQUE – La Finale des Jeux du Québec a un impact économique positif… selon une estimation du COFJQ Sherbrooke 2024, leur Finale générera plus de 20 000 000 $ en matière de retombées économiques. »

La direction générale du Comité Organisateur de la Finale des Jeux du Québec (COFIQ) 2024 de Sherbrooke nous a indiqué par courriel ne pas avoir une telle étude.

Si on applique alors la recette de KPMG à un événement de type Jeux du Québec (Budget : 8 M$), on obtient des retombées économiques estimées à 6 M$, sous l’hypothèse que chaque visiteur dépense au moins 378 $ sur place (1 512 $ pour une famille de 4). Est-ce que les 9 000 personnes attendues, dont 3 000 participants directs de 12 à 17 ans, dépenseront individuellement ce montant ? Probablement pas ; pour ce type d’événement de nature familiale, presque tout ce beau monde fera dodo dans les écoles avec ses glacières. Dans ce contexte, les retombées économiques de l’événement devraient être passablement moins élevées que 6 M$.

Ce qui précède n’indique pas qu’il ne faut pas financer des projets avec l’argent des contribuables. Le but était simplement de mettre en lumière certains abus de langage associés aux retombées économiques, pour justifier en notre nom, avec notre argent, des dépenses qui souvent ne nous concernent pas, à l’exemple de la venue des Kings de Los Angeles à Québec en 2024.

Jocelyn Daneau

Sorel-Tracy

 

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